Guillaume Lecointre, né le , est un zoologiste et systématicien français.

Biographie

En 1993, il obtient son doctorat pour une thèse portant sur l'« Étude de l'impact de l'échantillonnage des espèces et de la longueur des séquences sur la robustesse des phylogénies moléculaires : implications sur la phylogénie des Téléostéens » à l'université Paris-Diderot1. En 1998 auprès de la même université, il obtient son habilitation à diriger des recherches suite à sa thèse sur « les rapports entre l’homoplasie et la congruence des caractères en reconstruction phylogénétique ».

Carrière

Professeur au Muséum national d'histoire naturelle2, où il dirige le département Systématique et Évolution, chercheur en systématique (science des classifications), Guillaume Lecointre travaille notamment à l'amélioration et à l'exploration des propriétés des méthodes de construction de phylogénies, et à leur application aux poissons téléostéens, à partir de données anatomiques comme de données moléculaires (plus d'une centaine de publications professionnelles).

Il participe depuis 1990 à l'amélioration de l'enseignement en sciences des classifications, à tous les niveaux scolaires, par des livres et des formations d'enseignants. Son ouvrage Classification phylogénétique du vivant, coécrit avec Hervé Le Guyader, a contribué à faire évoluer l'enseignement de la classification et a été traduit en trois langues.

Il était également entre 1995 et 2005 chroniqueur pour le journal Charlie Hebdo dans lequel il écrivait des articles de vulgarisation scientifique et, notamment, dénonçait les pseudo-sciences et le retour du spiritualisme en sciences3.

Il tient actuellement une chronique dans le journal Espèces. Au total, il est l'auteur d'environ 400 articles de vulgarisation des connaissances.

Apports

Guillaume Lecointre (p. 114)4 juge nécessaire de rappeler : « le principe de parcimonie ou principe d'économie d'hypothèses ou Rasoir d'Ockham, implique que lorsque nous faisons une inférence sur le monde réel, le meilleur scénario ou la meilleure théorie sont ceux qui font intervenir le plus petit nombre d'hypothèses ad hoc, c'est-à-dire non documentées. »

Contrat tacite du chercheur en sciences

Guillaume Lecointre, dans la lignée des travaux de Pierre Bourdieu : « La profession des scientifiques a pour but collectif de produire des connaissances objectives sur le monde réel » (p. 102). Une nouvelle connaissance, dûment éditée, publiée dans un journal spécialisé à comité de relecture, doit être corroborée par au moins une équipe indépendante pour pouvoir faire partie du corpus des connaissances objectives. « Ce principe est valide pour toutes les sciences, histoire, sociologie, psychologie comprises. Toutes sont appelées à produire des discours à portée universelle parce qu'ils sont vérifiables. » (p. 102)4

Termes du contrat tacite

Guillaume Lecointre (p. 102-111) juge nécessaire de rappeler les termes du contrat tacite qui conditionne la possibilité de reproductibilité des expériences scientifiques4 :

  1. Scepticisme initial sur les faits,
  2. Réalisme de principe,
  3. Matérialisme méthodologique,
  4. Rationalité [et logique].

Matérialismes scientifique, évolutionniste, émergentiste

L'évolution du matérialisme scientifique du XIXe siècle vers le matérialisme évolutionniste contemporain du XXIe siècle est soutenue par l’œuvre de Mario Bunge. Guillaume Lecointre s'inscrit dans cette démarche en préfaçant l'histoire des philosophies matérialistes de Pascal Charbonnat avec sa vision de scientifique matérialiste et de défenseur tenace de la laïcité5.

Un collectif autour de Muriel Gargaud et Guillaume Lecointre réactualise le concept d'évolution en lien avec l'avancée des sciences, biologiques, neurosciences, écologie, politique, de gestion, etc. et à la lumière d'une nouvelle réflexion sur le concept d'émergence6.

Science face aux créationnismes

« Les créationnistes, ne peuvent être scientifiques, car ils commettent de fréquentes entorses au contrat tacite énoncé ci-dessus [notamment au principe de parcimonie évoqué dans le § Rasoir d'Ockham ci-dessus] en guise de socle à toutes les sciences. » (p. 111)4

« Depuis la charnière XVIIe-XVIIIe siècles, nos inférences et hypothèses doivent faire référence à des entités que nous pourrons appréhender expérimentalement, tout de suite, ou à terme ; donc des entités naturelles ; cela est la condition scientifique moderne [...] (p. 120) » [...] le registre des savoirs - qui sont du domaine public et donc potentiellement universels, dont la contestation doit être instruite et méthodologiquement caractérisée [...] (p. 125)4

Beaucoup de personnes ignorent que : « les [différentes] sphères de l'espace public [donc celui de la science] décrites par Caroline Fourest7 [... ne peuvent pas être confondues avec ] la sphère du sens et de la symbolique des pouvoirs publics et la sphère de liberté maximale (la sphère privée) » (p. 125). « La validation croisée des résultats scientifiques est un espace laïque au sens français du terme, sans que, pour autant, nous ne nous formulions les choses comme cela. Nos options métaphysiques restent aux vestiaires de nos laboratoires et n'interviennent pas dans nos comptes rendus d'expériences » (p. 127)4.

B. Latour confie que « les conditions de...et le contrat tacite de ] la recherche n'est pas au programme des formations scientifiques » (p. 93)8. Guillaume Lecointre pense qu'« il serait temps d'enseigner aux futurs chercheurs une explication de leur contrat tacite, autant dans ses attendus épistémologiques que dans ses composantes sociologique, économique et politique » (p. 129)4.

Guillaume Lecointre appelle de ses vœux une évolution de la notion de distinction-séparation entre les sphères publique et privée4,7 : les sphères de sens.

Membre de sociétés scientifiques

Prix

Publications

Contributions

Notes et références

  1.  
  1. Prix reçu le 23 novembre 2012 [archive], voir sur union-rationaliste.org

Annexes

Articles connexes

Liens externes