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Daniel Tammet (né Daniel Paul Corney, le à Barking1) est un écrivain, poète et hyperpolyglotte anglais, chez qui on a diagnostiqué une épilepsie dans l'enfance, puis le syndrome d'Asperger à l'âge adulte. Il s'est fait connaître par sa synesthésie, à l'origine de ses capacités de mémoire. Le , il récite les 22 514 premières décimales de Pi en 5 heures, 9 minutes et 24 secondes, établissant un nouveau record européen.

Biographie

Daniel Tammet est l'aîné d'une fratrie de neuf enfants2, et vit une enfance très modeste dans le Sud de l'Angleterre. Il souffre de crises d'épilepsie à l'âge de 3 ans3 (crises aujourd'hui définitivement guéries) qui sont sans doute à l'origine de sa synesthésie. Il est diagnostiqué autiste Asperger à l'âge de 25 ans, au centre de Recherche sur l'Autisme de l'université de Cambridge, par Simon Baron-Cohen3. Il a la particularité d'avoir à la fois développé des capacités de communication proches de la norme, ainsi que des aptitudes singulières dans les domaines des nombres et des langues.

Les nombres vont l'aider d'abord à surmonter les épreuves qu'il rencontre à cause de sa différence — rejet des autres, incompréhension du monde qui l'entoure et des règles sociales, hypersensibilité au bruit. Il s'exprime ainsi au sujet des nombres : « ils me calment et me rassurent. Enfant, mon esprit se promenait en paix dans ce paysage numérique où il n'y avait ni tristesse, ni douleur4. » Jeune garçon, il est fasciné par la magie des nombres premiers, puis à l'adolescence, il s'adonne au calcul calendaire, qui permet de trouver en un instant le jour de la semaine correspondant à n'importe quelle date de naissance.

Il développe également une passion et des facultés extraordinaires pour les langues étrangères, qu'il assimile plus rapidement grâce à sa synesthésie et en connaît une dizaine : l'anglais, le français, l'islandais, l'allemand, l'espagnol, l'espéranto, le finnois, le gallois, le lituanien et le roumain. Daniel Tammet s'invente une langue personnelle appelée mänti5. Il devient professeur d'anglais à l'âge de dix-neuf ans en Lituanie, puis crée en 2002 son propre site Internet d'apprentissage des langues (français et espagnol) appelé Optimnem qui connaît un beau succès4,6.

Le , au musée de l'histoire des sciences d'Oxford, il récite en 5 heures, 9 minutes et 24 secondes 22 514 décimales de Pi, apprises au cours des trois mois précédant l'événement. C'est un record européen qui le propulse sur la scène médiatique : il fait l'objet d'un documentaire qui lui est entièrement consacré : L'homme ordinateur, version française du documentaire britannique7, dans lequel il relève un nouveau défi, linguistique cette fois : apprendre l'islandais en une semaine et répondre à un entretien en direct à la TV dans cette langue. Le défi est relevé haut la main. On y voit aussi sa rencontre avec un autre autiste, Kim Peek, doté d'une mémoire eidétique. La chanteuse Kate Bush a été inspirée par cet événement et en a tiré une chanson de son album Aerial : π8.

En 2009, il s'installe à Avignon avec son compagnon Jérôme Tabet9, puis à Paris, où il est écrivain à plein temps10. Le , Daniel Tammet est invité par L'Express à poser pour une photographie réunissant les auteurs les plus lus de 200911.

Depuis, il a été l'invité à deux reprises de l'émission La Grande Librairie sur France 5, d'abord en 2017 pour Chaque mot est un oiseau à qui l'on apprend à chanter, puis en 2020 pour Fragments de paradis. François Busnel dit de lui : « Ce que j'admire chez vous, c'est votre attirance aussi bien pour la poésie, que pour les neurosciences ou la sociolinguistique12. »

Daniel Tammet, écrivain

Je suis né un jour bleu

 
Daniel Tammet à l'université de Reykjavík en juin 2007.

En 2007, pour casser l'image d'homme-ordinateur qui lui colle à la peau depuis sa participation à ce documentaire, il écrit un livre de mémoires Je suis né un jour bleu, qui est traduit en dix-neuf langues13. Il insiste sur son humanité et sa sensibilité, malgré le fait qu'il présente le syndrome d'Asperger et qu'il soit doté d'une mémoire hors du commun : « L'aventure est insolite, parfois déroutante et souvent captivante14. » Il y raconte des souvenirs d'enfance, des épisodes d'agoraphobie, ainsi que des tests auxquels il s'est soumis pour des chercheurs en neurosciences du monde entier15. Il est parfois présenté comme « la pierre de Rosette de l'autisme13 » (à tort, car la grande majorité des Asperger ont la pleine capacité de communiquer et d'exprimer ce qu'ils vivent et ce qu'ils ressentent16,17) ; c’est plutôt en tant que savant qu’il a pu faire progresser la recherche.

Ce premier livre est un succès international. L'auteur dit ne pas effectuer mentalement les calculs, mais voir les solutions lui apparaître sous forme de paysages, et associer les chiffres à des couleurs, ce qui est le propre de la synesthésie. Il résume ainsi sa philosophie : « L'important n'est pas de vivre comme les autres, mais parmi les autres ». À partir de ce jour, il voyage à travers l'Europe et les États-Unis pour la promotion de son livre et des conférences dans des universités. Cette reconnaissance le pousse à casser un peu plus les routines qu'il décrit dans Je suis né un jour bleu et à bousculer ses habitudes. Il a désormais trouvé sa véritable voie dans le travail d'écriture.

Embrasser le ciel immense

En 2009, il dédie son deuxième livre, Embrasser le ciel immense (Les Arènes), « à la beauté qui sommeille en chaque esprit ». S'appuyant à la fois sur ce qu'il perçoit de l'intérieur et sur les expériences scientifiques les plus récentes, il fait un état des lieux des connaissances actuelles sur le cerveau, remet en cause nombre d'idées sur le QI et l'intelligence, donne des méthodes personnelles pour apprendre plus facilement une langue étrangère ou pour mieux comprendre les mathématiques et s'interroge sur l'avenir de l'esprit humain. Surtout, il démontre qu'il est possible d'établir des passerelles entre les capacités du cerveau d'un savant-autiste et celui d'une personne ordinaire, et qu'il est réducteur de toujours les opposer. Selon certains critiques, il séduit par une intelligence qui ne se cantonne pas à l'abstraction : « Tammet a quelque chose d'un petit Prince, comme s'il voyait la Terre d'une autre planète, avec une sage distance18. »

L'Éternité dans une heure

Le , il publie son troisième livre L'Éternité dans une heure, une initiation à la poésie des nombres10. À cette occasion il reçoit les éloges de J. M. Coetzee, le Prix Nobel de littérature sud-africain : « Toujours enrichissant, toujours divertissant, Daniel Tammet a beaucoup de respect pour le mystère et l'univers des nombres19. » Selon le quotidien Le Monde, « Il y a du Rimbaud chez Daniel Tammet20. »

Mishenka

Le , Daniel Tammet sort en France son premier roman, Mishenka, publié aux éditions Les Arènes1. Inspiré d’une histoire vraie qui a pour décor la Russie des années 1960, l'auteur nous raconte la bataille que se sont livrée les deux plus grands joueurs d'échecs du moment. Maxim Koroguine (alias Mikhaïl Botvinnik), le héros du régime, froid, logique et sûr de lui affronte le jeune prodige Mishenka (alias Mikhaïl Tal), insaisissable, impulsif et romantique. Celui-ci semble jouer pour la beauté du geste. Il « pense avec ses mains ». On assiste au combat entre deux formes de pensée, deux visions de l'avenir pour l'Union Soviétique. « Mishenka est comme moi, il voit dans les échecs une forme de poésie, c'est un jeu qui aide à penser la pensée21. » Ce livre a reçu le soutien du grand maître russe Vladimir Kramnik et fait référence dans son écriture à la nouvelle du Joueur d'échecs de Stefan Zweig et au roman Le Maître ou le tournoi de go de Yasunari Kawabata.

Chaque mot est un oiseau à qui l'on apprend à chanter

Le sort le livre Chaque mot est un oiseau à qui l'on apprend à chanter publié aux éditions Les Arènes. Un livre d'essais qui aborde diverses questions autour du langage et des langues : l'histoire de l'espéranto et la rencontre avec ceux dont c'est la langue maternelle, comment apprendre l'anglais de manière intuitive quand on ne parle que le lituanien ?, comment les règles strictes de l'islandais restreignent l'attribution des prénoms dans ce pays, la langue numérique de Tammet quand il était petit, la défense des langues rares, comment le téléphone a changé profondément notre façon de nous parler, les ordinateurs parleront-ils un jour comme des humains ?…

Portraits

Le , Daniel Tammet publie son premier recueil de poésie intitulé Portraits aux éditions Blancs Volants. Chaque poème a été écrit en français et en anglais (ou inversement). L'auteur a voulu rendre hommage à des personnalités célèbres ou anonymes qui ont marqué sa vie. On y retrouve par exemple la doyenne de l'humanité Jeanne Calment, le champion d'échecs Bobby Fischer ou encore l'homme le plus grand du monde Robert Pershing Wadlow. Pour Tammet, chaque existence recèle une part de poésie. La philosophe Cynthia Fleury a rédigé la préface du livre. Les poèmes s'accompagnent de photographies de Jérôme Tabet.

Fragments de paradis

Le , il sort Fragments de paradis aux éditions Les Arènes, un récit littéraire « directement écrit en français22 », dans lequel il raconte sa conversion au christianisme à l’âge adulte. Quels épisodes de l’enfance, quelles rencontres, quels échanges ont été déterminants ? Peut-on réconcilier la foi et la raison ? Comment partager une expérience aussi indicible ? Il livre également, à sa façon, l'histoire de Jésus, mêlant sa propre imagination à la reconstitution historique.

Autres travaux littéraires

Le , il publie une traduction française des poèmes de l'Australien Les Murray dans un recueil intitulé C'est une chose sérieuse que d'être parmi les hommes (Éditions de l'Iconoclaste)23. Daniel Tammet est l'invité de la Maison de la Poésie à Paris où il partage la scène avec Les Murray pour une conférence inédite24.

Bibliographie

Livres en anglais

  • Born on a Blue Day (2006).
  • Embracing the Wide Sky (2009).
  • Thinking in Numbers (2012).
  • Every word is a bird we teach to sing (2017).
  • Portraits (2018).

Articles et autres en anglais

  • What It Feels Like To Be A Savant, dans Esquire, August 2005.
  • Open Letter to Barack Obama, dans The Advocate, December 2008.
  • Islands of Genius (2010), préface du livre de Dr Darold A. Treffert.
  • Olympics: are the fastest and strongest reaching their mathematical limits?, dans The Observer, August 201225.
  • What I'm thinking about… Tolstoy and maths, dans The Guardian, August 201226.
  • The Sultan's Sudoku, dans Aeon Magazine, December 201227.

Livres traduits en français

Livre en français

Livre en édition bilingue anglais et français

Références

 

 

  1. « The Sultan's sudoku » [archive] (consulté le 16 août 2013).

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • [Baron-Cohen et al. 2007] (en) Simon Baron-Cohen, Daniel Bor, Jac Billington, Julian Asher, Sally Wheelwright et Chris Ashwin, « Savant Memory in a Man with Colour Form-Number Synaesthesia and Asperger Syndrome », Journal of Consciousness Studies, vol. 14, nos 9-10,‎ , p. 237-51 (lire en ligne [archive])
 

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