Biographie
Jeunesse (1961–1975)
José Manuel Tomás Arturo Chao Ortega est né le à Paris. Sa mère, Felisa, originaire de Bilbao (Pays basque), est chercheuse et son père, Ramón, originaire de Galice, est écrivain et journaliste à RFI Amérique latine, et à France Inter ; Ramón Chao a reçu une formation de pianiste classique en Espagne, puis a obtenu une bourse d'étude de musique classique pour venir à Paris. Ainsi, durant l'enfance de Manu Chao, de nombreux écrivains d'Amérique latine passeront à la maison, dont certains amis proches de son père comme Gabriel García Márquez, Alejo Carpentier et Juan Carlos Onetti. Manu a un frère de deux ans son cadet, Antoine. Peu après la naissance de Manu, la famille emménage dans la banlieue parisienne (Boulogne-Billancourt puis Sèvres).
En 1971, le père Ramón initie ses fils au piano, instrument qu'ils abandonnent au profit de la guitare pour Manu et de la batterie pour Antoine. Manu Chao entre au conservatoire. Il passe la plupart de son temps avec son cousin « Santi » (Santiago Casariego) avec qui il partage les mêmes goûts musicaux : Chuck Berry, Little Richard, Otis Redding... Les parents de Manu Chao écoutent des disques de musique latine rapportés d'Amérique Latine par le père de Ramón Chao. À dix-huit ans, Manu Chao obtient le baccalauréat et s’oriente vers la musique.
Débuts (1976–1987)
En 1976, avec Antoine à la trompette et Santi à la batterie, ils intègrent les Joint de Culasse, groupe dont le répertoire est avant tout constitué de reprises de standards du rock 'n' roll des années 1950.
Fortement influencé par la scène punk britannique (The Clash, etc.), mais également par Chuck Berry, Bob Marley ou encore Camarón de la Isla, Manu Chao forme en 1984 un groupe de rockabilly anglo-hispanique, Hot Pants (nom tiré d’une chanson de James Brown), avec Santi à la batterie, qui sort une démo contenant Mala Vida et d'autres titres en 1984, ainsi que l'album Loco Mosquito chez le label All or Nothing en 1986. En 1986, Manu Chao, son frère Antoine (qui joue à cette époque avec les Chihuahua), et quelques-uns de ses amis (dont François Hadji-Lazaro, leader des Garçons Bouchers et de Pigalle, et Alain des Wampas) forment ensuite Los Carayos, groupe de rock alternatif. Ils prennent un temps le pseudonyme d'Oscar Tramor, titre d'une de ses chansons (inspirée de Busca Otro Amor d'Irma Serrano) racontant l'histoire d'un toréador alcoolique et malchanceux, sur l'album Persistent et signent de Los Carayos. Manu Chao participe aussi de façon plus ou moins importante dans d'autres groupes tels Joint de culasse (1 album de reprises Superboum Rock and Roll en 1982), Casse-pieds, Kingsnakes (en fait, les Hot Pants, accompagnés du guitariste suisse Daniel Jeanrenaud, au Printemps de Bourges 1986).
Période Mano Negra (1987-1997)
En 1987, les frères Chao et leur cousin, Santiago Casariego, forment Mano Negra (du nom d’une organisation de guérilleros sud-américains trouvé dans une BD, qui elle-même tire son nom de l'organisation terroriste andalouse du XIXe siècle La Mano Negra). Le groupe sort une nouvelle version de Mala Vida, qui devient un tube en France, suivie d'un premier album, Patchanka, chez Boucherie Productions. Le groupe signe chez Virgin et connait de nouveaux succès avec deux nouveaux albums Puta's Fever en 1989 et King of Bongo en 1991. À l'instar de Patchanka, les deux opus suivants sont des réussites tant grâce à ses tubes (Out of Time Man, Pas assez de toi) que le mélange des genres qui donne officiellement naissance au rock alternatif latino. La musique du groupe devient populaire dans les pays hispanophones.
Mano Negra devient un groupe majeur de la scène rock française et fait une tournée en cargo en Amérique du Sud avec l'aventure de la troupe d'artistes de rue Royal de luxe. Après une seconde et éprouvante expédition où ils traversent la Colombie en train (périple relaté par Ramón Chao, dans l'ouvrage Un train de glace et de feu), le groupe décide de se séparer. Le groupe enregistre toutefois un dernier album, Casa Babylon, qui marque la transition musicale entre la fin de Mano Negra et la future carrière solo de Manu Chao. Ce disque est considéré comme l'un des meilleurs albums de tous les temps d'après l'édition hispanophone du magazine Rolling Stone.
Mais après la séparation du groupe, c'est un grand vide pour Manu Chao. Il avouera plus tard qu'il tombera dans une sorte de dépression.
Manu Chao fonde avec d'anciens membres de Mano Negra et plusieurs autres complices, le groupe 13 à table. Alors qu'ils sont installés à Barcelone, le label Island leur donne un an pour finaliser un album. Malgré des maquettes prometteuses l'album ne sera jamais enregistré.
Manu Chao voyagera près de huit ans entre Mexique, Sénégal et Brésil2. De cette errance, nait Clandestino, qui marque la renaissance du chanteur.
Clandestino (1998–2000)
Ne voyant plus les membres de Mano Negra, le chanteur s'entoure vite de nouveaux amis à travers les villes et les pays qu'il traverse, enregistrant petit à petit de nouveaux sons, mélangeant de nouveaux styles. À l'époque où il vivait à Rio de Janeiro, Manu Chao s'était tourné vers ce qu'il appelle lui-même la « techno hardcore ». Il décide alors d'enregistrer un dernier disque, Clandestino, qui devait clôturer sa carrière musicale. Au début, il y insère un style du moment, la techno. Même si ses amis et sa famille lui disent que la techno n'est pas toujours très appropriée à sa musique, Manu Chao persiste. Cependant, un bug informatique supprime tous les rythmes technos des enregistrements, et la musique de Clandestino apparaît beaucoup plus prenante, dépouillée et moins chargée. Renaud Letang (ingénieur du son qui a déjà travaillé avec Alain Souchon) peaufine le disque. Manu Chao dira « Je l'ai enregistré comme une thérapie personnelle. C'était comme dire : ma carrière musicale s'achève là. C'est terminé et je chercherai autre chose (à faire). Mais avant d'en finir avec la musique, je sentais que je devais encore sortir ce disque. Je m'en fichais que le disque plaise à 10 000 ou 15 000 personnes. Qu'il plaise à plus de 200 000 personnes me paraissait impossible. Je venais d'un style rock et je ne pensais pas que je pouvais plaire à un autre type de public. Peu avant la sortie du disque, j'ai fait mes adieux en disant : je m'en vais ailleurs et j'irai sans ma guitare. Mais ce disque m'a fait débuter (autre chose) et m'a lié à la musique3. »
En effet, encore quelques jours avant la sortie du disque, en , il disait aux gens qu'il croisait que « Clandestino est juste une maquette ». Mais à sa grande surprise, le disque est un énorme succès et sa carrière prend un tour nouveau. Clandestino devient une des références majeures de la musique latine des années 2000 et le symbole de la musique fusion et métissée.
Avec ce disque, Manu Chao surprend ses fans et va à la rencontre d'un autre public, plus porté vers la musique latine. En réalité, les titres du dernier album de Mano Negra, Casa Babylon, annonçaient très clairement le passage du rock des débuts aux ballades reggae de Clandestino. Dans un style carnet de route, l'album Clandestino mélange tour à tour, reggae, rock, musique latine traditionnelle, rumbas, rythmes brésiliens, le tout entrecoupé de petits textes radiophoniques dont un extrait du discours du sous-commandant Marcos. L'album connaît un énorme succès en France, en Espagne, en Italie, au Québec et en Amérique du Sud. Les titres les plus célèbres sont Je ne t'aime plus, Bongo Bong, Clandestino et Desaparecido. Il s'écoule à plus de trois millions d'exemplaires dont deux millions à l'étranger, malgré les refus initiaux de NRJ, de RTL2 et d'Europe 2 de programmer Clandestino, trouvant que « les chansons ne rentraient pas dans leur format ». Pour la première fois depuis des années, Manu Chao arrive à poser ses valises quelque part et se fixe alors à Barcelone, répétant beaucoup avec son groupe Radio Bemba.
Próxima Estación: Esperanza (2001)
Le deuxième album solo de Manu Chao Próxima Estación: Esperanza sort en . Il reprend le style musical de Clandestino. Manu Chao n'hésite pas à qualifier lui-même ce disque de « petite sœur de Clandestino ». Cependant, le disque est plus joyeux, agrémenté des cuivres et des trombones du Sicilien Roy Paci. Le disque mélangeant à nouveau le reggae, la musique latine, le rock et même un soupçon de jazz.
L'album contient le succès Me Gustas Tu. Denia, écrite et composée par Manu Chao et co-chantée par Idir, le chanteur kabyle ; elle raconte les blessures de son pays l'Algérie. Comme l'album précédent, ce disque est classé parmi les meilleurs albums de tous les temps.
Radio Bemba Sound System & Babylonia En Guagua (2002-2003)
Après ces deux albums, Manu Chao continue de se produire sur scène avec son groupe Radio Bemba à travers le monde. « Radio Bemba » était le nom donné par les révolutionnaires cubains au système du « bouche à oreille » (ou « téléphone arabe »). La musique de Manu Chao (et Radio Bemba) sur scène rompt totalement avec l'esprit acoustique de ses albums studio et se rapproche plus de la musique de Mano Negra. Le public retrouve en concert l'énergie de l'ex-leader de Mano Negra. Le succès est au rendez-vous et Manu Chao sort en un disque live, Radio Bemba Sound System, enregistré à Paris (Grande halle de la Villette) en . Le disque confirme la réputation qu'il traîne depuis les années 1980, Manu Chao est fait pour la scène. Ce live comprend des succès de la période Mano Negra, des chansons des albums Clandestino et Próxima Estación: Esperanza qui sont entièrement revisitées à la sauce ska, reggae, punk, rock, salsa, et des inédits. De plus la musique de Radio Bemba se trouve sublimée par la présence du jeune chanteur rastafari Bidji, alias Lyricson. Sorti en , le DVD Babylonia en Guagua contient un live (la version vidéo de Radio Bemba Sound System), un documentaire sur la tournée 2001 et trois autres petits films personnels sur ses voyages à travers le monde. La grande tournée Radio Bemba de 2000, 2001 et 2002, s’achève en août 2002.
En 2003, Manu Chao fait une nouvelle tournée nommée jai alai katumbi express.