Compositeur de cette oeuvre: 

Les Nuits d'été constituent un ensemble de six mélodies d'Hector Berlioz sur des poèmes de Théophile Gautier, regroupés dans la section Poésies diverses du recueil La Comédie de la mort, paru en 1838. Composées entre 1834 et 1840 et publiées en septembre 1841, ces mélodies sont d'abord destinées à une voix de mezzo-soprano ou de ténor, et accompagnées au piano.

En 1843, Berlioz orchestre la mélodie intitulée Absence. L'ensemble des Nuits d'été est orchestré en 1856. Certaines mélodies sont alors transposées pour différentes voix — mezzo-soprano, ténor et baryton. La majorité des interprétations modernes est assurée par un seul artiste lyrique.

Avec Les Nuits d'été, Berlioz inaugure le genre de la mélodie avec ensemble instrumental, promis à un bel avenir, tant en France — où s'illustrent notamment Duparc, Chausson et Ravel —, qu'à l'étranger, avec les grands cycles de Mahler, Richard Strauss, Schoenberg et Webern.

Le compositeur considère Les Nuits d'été comme son « œuvre 7 », dans le catalogue de ses œuvres établi en 1852. Le recueil porte également la référence H 81 dans le catalogue établi par le musicologue Dallas K. Holoman.

Dans Les Nuits d'été, le traitement que Berlioz réserve au piano contredit bien des idées relatives à son peu de science de l'instrument. S'il n'a pas reçu une formation de pianiste et ne compose pas au clavier, il écrit pour le piano comme pour tout autre instrument, privilégiant le timbre avec ce savoir, cette imagination et ce tempérament qui lui sont irréductibles17. À propos de la version initiale des six mélodies, Gérard Condé estime que, sans remettre en question l'extraordinaire réussite de la version orchestrale, l'originalité dont fait preuve Berlioz ici dans le traitement du piano ne paraît pas moins saisissante17.

Dans son Traité de l'orchestration, Charles Koechlin admet que la couleur tient beaucoup à la musique elle-même et point seulement à l’orchestration proprement dite. Il est certain qu'au piano déjà, Carmen est une œuvre hautement colorée. Cependant cette juste adaptation des moyens orchestraux à l'idée musicale est sans doute un don que tout le monde ne possède pas. Un autre que Berlioz eût-il trouvé l'étonnant (et si simple) début de la Marche au supplice ? Bizet peut-être, ou Strawinsky. Sûrement pas X ou Y, excellents musiciens, mais qui n'ont pas le génie de l'orchestration18.

L'orchestre est restreint à des proportions de musique de chambre et ne comporte pas d'instrument à percussion. L'économie de l'écriture est remarquable. En effet aucune des six mélodies ne sollicite l'ensemble des effectifs : les cors n'interviennent pas dans la première, dont l'accompagnement est d'abord confié aux seuls instruments à vent ; les bassons se taisent dans la seconde et la quatrième, le hautbois dans la troisième ; Au cimetière n'est accompagné que par les flûtes, les clarinettes et les cordes ; enfin la harpe est réservée au Spectre de la rose.

Le tableau suivant donne le détail des variations dans la composition de l'orchestre :

Instrumentation des Nuits d'été
Villanelle Le Spectre de la rose Sur les lagunes Absence Au cimetière L'Île inconnue
2 flûtes 2 flûtes 2 flûtes 2 flûtes 2 flûtes 2 flûtes
Hautbois Hautbois   Hautbois   Hautbois
2 clarinettes
en la
2 clarinettes
en la
2 clarinettes
en sibémol
2 clarinettes
en la
2 clarinettes
en la
2 clarinettes
en sibémol
Basson
soliste
  2 bassons     2 bassons
  2 cors en mi Cor en ut grave
Cor en fa grave
Cor en la (alto)
Cor en ré
  Cor en fa
Cor en ut
Cor en sibémol
  Harpe        
1ers violons 1ers violons 1ers violons 1ers violons 1ers violons 1ers violons
2ds violons 2ds violons 2ds violons 2ds violons 2ds violons 2ds violons
altos altos altos altos altos altos
violoncelles violoncelles violoncelles violoncelles violoncelles violoncelles
contrebasses contrebasses contrebasses contrebasses contrebasses contrebasses

Parcours des Nuits d'été

I. Villanelle

 
 
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I « Villanelle »
 

Eleanor Steber, Dimitri Mitropoulos (1954).

 
 
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I « Villanelle »
 

Victoria de los Ángeles, Charles Munch (1955).

Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux, nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois ;
Sous nos pieds égrenant les perles
Que l'on voit au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
          Siffler.

Le printemps est venu, ma belle,
C'est le mois des amants béni,
Et l'oiseau, satinant son aile,
Dit des vers au rebord du nid.
Oh ! viens donc sur ce banc de mousse
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce :
          Toujours !

Loin, bien loin, égarant nos courses,
Faisons fuir le lapin caché,
Et le daim au miroir des sources
Admirant son grand bois penché ;
Puis chez nous, tout heureux, tout aises,
En paniers enlaçant nos doigts,
Revenons rapportant des fraises
          Des bois.

Cette mélodie en la majeur respecte la structure en trois strophes du poème de Gautier. D'abord accompagné par les flûtes, les clarinettes et le hautbois, pp très légers et staccato, le chant se développe avec simplicité. Les violoncelles lui répondent, un solo de basson la rejoint. Pour la seconde strophe, les altos et violoncelles jouent en canon la mélodie chantée. Berlioz parvient à éviter la mièvreri