On désigne par musique de la Renaissance la musique européenne composée entre le XVe siècle, fin de la musique médiévale et le XVIIe siècle qui marque le début de la période baroque. Il s'agit d'une convention : si la dernière date n'est guère contestable avec, par exemple, l'avènement de l'opéra, il n'en est pas de même pour le début de cette période située, en ce qui concerne la musique, entre le Moyen Âge tardif et de la pré-Renaissance.

Les évolutions temporelles et géographiques, l'imprimerie, de nouveaux genres musicaux, la reconnaissance des compositeurs et de leurs œuvres caractérisent la musique de la Renaissance, sans oublier le formidable développement organologique des instruments de musique.

Les XVe et XVIe siècles voient un renouveau d’intérêt pour les cultures antiques grecques et romaines qui a fortement influencé la musique. Les compositeurs de la Renaissance ont voulu opérer un « retour à l’Antique », imiter la musique des anciens grecs. Comme ils ne disposaient que d’écrits théoriques sur la musique grecque, ils ont élaboré leur propre style en se basant sur ces écrits.

Franchino Gaffurio est un théoricien de la musique de la Renaissance qui s’appuie sur des textes grecs. Ses écrits ont renouvelé la pensée sur des thèmes tels que les modes, consonance et dissonance, les éléments et la portée du système tonal, les diapasons, les relations mot-musique et l’harmonie de la musique, sur le corps et l’esprit humain, et sur le cosmos1.

Contrairement au Moyen Âge, l’écriture musicale accepte alors les tierces et les sixtes comme consonances : du fait que l'on passe, à la Renaissance, de la gamme Pythagoricienne à la gamme de Zarlino, dans laquelle tierces et sixtes sont fixes et plus « justes », elles deviennent utilisables, en complément des quintes, quartes et octaves déjà précédemment définies (et seules consonances au Moyen Âge). Les maîtres du contrepoint élaborent de nouvelles règles pour contrôler les dissonances2. Le manuel d’enseignement du contrepoint par excellence au XVe siècle est le Liber de arte contrapuncti (octobre 1477), du compositeur flamand Johannes Tinctoris (env. 1435 – env. 1511). La Renaissance en musique est fortement influencée par la pensée humaniste. L’homme commence à s’intéresser à lui-même pour lui-même. On peut dire qu’il acquiert plus d’indépendance par rapport à Dieu.

Durant la Renaissance, la musique polyphonique atteint son apogée. En 1501, Ottaviano Petrucci imprime la première partition musicale polyphonique. Maddalena Casulana compose le premier livre de madrigaux imprimé "Il primo libro de madrigali" à Venise en 1566.

Bien que la musique vocale polyphonique prédomine encore, la Renaissance est une période clé pour la musique instrumentale, qui devient plus indépendante.

L’invention de l’imprimerie (Gutenberg, 1455) modifiera radicalement la diffusion de la musique. L’impression musicale est inventée par Hahn à Rome en 1476. Tant la naissance de l'imprimerie musicale que l'invention des tablatures (méthode de notation abrégée pour les instruments à clavier ou à cordes pincées) permettent une meilleure diffusion des œuvres.

Vers la fin du XVe siècle, la musique polyphonique sacrée (par exemple, les messes d'Ockeghem et d'Obrecht) retrouve une certaine complexité. À cette tendance, succède, dans la première partie du XVIe siècle un retour vers plus de dépouillement, perceptible dans les œuvres de Josquin des Prés ou de Palestrina : évolution due, en partie, à l'influence du Concile de Trente et du début de la Contre-Réforme qui déconseillent la polyphonie trop complexe, supposée nuire à la bonne compréhension des textes sacrés.

Vers la fin du XVIe siècle, plusieurs tendances importantes et contrastées apparaissent. La musique profane, et notamment le madrigal, acquiert une complexité croissante et même un chromatisme exacerbé ; en sont de bons exemples les madrigaux de Luzzasco Luzzaschi, Vittoria Aleotti, Luca Marenzio et Carlo Gesualdo. Cependant, à Florence, commence à naître un mouvement dont l'ambition est de faire revivre les formes dramatiques et musicales de la Grèce antique telles qu'on les imaginait, faisant appel à la monodie, une forme de déclamation avec un accompagnement musical simplifié (le stile rappresentativo). On peut difficilement imaginer contraste plus complet avec la polyphonie pourtant contemporaine ; il est vrai qu'il s'agit, tout au moins au début, d'un trait particulier à la musique profane. C'est à Venise entre 1550 et 1610 que se développe un style polychoral impressionnant — avec Gabrieli et Merulo — qui donne à l'Europe une des musiques les plus grandioses et les plus sonores qui aient été composées jusqu'alors, impliquant plusieurs chœurs de chanteurs, des cuivres et des cordes répartis dans des emplacements différents de la basilique Saint-Marc. Tous ces changements affectent les différents foyers musicaux européens pendant les décennies qui suivent : tout d'abord les pays germaniques, puis l'Espagne, la France et l'Angleterre, y marquant ce que nous appelons aujourd'hui le début de la période baroque en musique.